- désaccoutumer
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désaccoutumerv. tr. Faire perdre une habitude à (qqn).|| v. Pron. Se désaccoutumer du tabac.⇒DÉSACCOUTUMER, verbe trans.A.— Emploi trans. Faire perdre une habitude à quelqu'un ou quelque chose (l'objet du verbe désignant alors une manifestation humaine). À force de renforcer ses pleurs, on les désaccoutumé de naître (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 10, 1863-69, p. 74).— Être désaccoutumé (de). Avoir perdu l'habitude (de). Je suis désaccoutumé de lui [du travail]; il ne pourrait peupler le désert aride dans lequel je voyage sans cesse (DU CAMP Mém. suic., 1853, p. 267).B.— Emploi pronom. Se déshabituer (de); perdre l'habitude (de). Il faut que, tous, nous apprenions à marcher de nouveau la tête levée. Il faut nous désaccoutumer de la honte (MAURIAC, Baîllon dén., 1945, p. 405) :• Je suis devenu beaucoup plus sans souci sur les incidents de la vie, mais je ne peux me désaccoutumer de m'agiter à votre occasion.J.-J. AMPÈRE, Correspondance, 1827, p. 443.Rem. On rencontre ds la docum. le part. passé adj. désaccoutumé, ée. Qui a perdu l'habitude (de). Ils [Polyphile et Polia] invoquèrent l'antique Éros et sa mère Aphrodite, et leurs hommages allèrent frapper des cieux lointains désaccoutumés de nos prières (NERVAL, Voy. Orient, t. 1, 1851, p. 89). Dès qu'ils se sentirent sur le port, les dix hommes que la mer roulait depuis des mois se mirent en marche tout doucement, avec une hésitation d'êtres dépaysés, désaccoutumés des villes (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Port, 1889, p. 71).Prononc. et Orth. :[dezakutyme], (je me) désaccoutume [dezakutym]. Ds Ac. 1694 et 1718, s.v. désaccoustumer; ds Ac. 1740, s.v. desaccoûtumer où l'accent circonflexe signifie la disparition de s implosif; ds Ac. 1762-1932 sous la forme moderne. Étymol. et Hist. Ca 1200 trans. « perdre l'habitude de » (Moralités sur Job, 366, 22 ds T.-L.). Dér. de accoutumer; préf. dé(s)-. Fréq. abs. littér. :19.DÉR. Désaccoutumance, subst. fém. Fait de se désaccoutumer, d'être désaccoutumé. J'ai trompé les douaniers, j'avais rempli mes valises de drogues prohibées, et maintenant les initiés peuvent bien venir. Je suis prêt à leur vendre la mort, l'intrigue, le poison, la traîtrise, l'inceste, le parricide. Je suis prêt à leur vendre pis encore : la désaccoutumance du monde normal, l'air irrespirable, mon oxygène meurtrier (BRASILLACH, Corneille, 1938, p. 312). ,,Vx`` selon Ac. 1835, 1878; sans cette indication ds Ac. 1932. — [
]. Ds Ac. 1762-1932. — 1re attest. ca 1260 desacostumance (Livre de justice, 6 ds DG), 1269-78 desacoustumance (J. DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 7102); de désaccoutumer, suff. -ance. — Fréq. abs. littér. : 1.
désaccoutumer [dezakutyme] v. tr.❖♦ Faire perdre une coutume, une habitude à (qqn). ⇒ Déshabituer. || Il faut le désaccoutumer de mentir, de voler.1 (…) le bruit de la rue, dont vous êtes désaccoutumée, et qui vous empêche de dormir.Mme de Sévigné, 334, 11 oct. 1673.2 Comme la raison s'accoutume à examiner, elle se désaccoutume de croire (…)Massillon, Panégyrique de saint Thomas.3 (…) Mademoiselle s'était désaccoutumée de songer à eux. Antoine seul comptait, et les bonnes.Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 200.4 (…) qu'un sort clément nous dispense de notre raison ! Point d'issue tant que l'intellect demeure attentif aux mouvements du cœur, tant qu'il ne s'en désaccoutume pas ! J'aspire aux nuits de l'idiot, à ses souffrances minérales, au bonheur de gémir avec indifférence comme si c'étaient les gémissements d'un autre, à un calvaire où l'on est étranger à soi.E. M. Cioran, Précis de décomposition, p. 231.❖CONTR. Accoutumer, habituer. — Continuer (à).DÉR. Désaccoutumance.
Encyclopédie Universelle. 2012.